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Écrire pour se souvenir : l’expérience de Boubacar Boris Diop au Rwanda

Boubacar Boris Diop, lauréat 2022 du Neustadt International Prize for Literature pour son œuvre « Murambi, le livre des ossements », partage son expérience marquante au Rwanda. Impliqué dans le mouvement « Rwanda : écrire par devoir de mémoire », l’écrivain sénégalais souligne le pouvoir des mots pour combattre l’oubli.

Initié par Maïmouna Coulibaly et Nocky Djedanoum, ce projet a réuni une dizaine d’écrivains africains désireux de témoigner à travers la littérature du génocide des Tutsi au Rwanda. Malgré les réticences initiales des autorités rwandaises, le projet a vu le jour, grâce notamment à l’engagement du regretté journaliste Théogène Karabayinga, médiateur essentiel.

L’auberge modeste La Mise Hôtel, à Nyamirambo, a été le lieu central de cette expérience. Entre les discussions passionnées et les moments de recueillement, les écrivains ont partagé leurs impressions sur ce drame. Si certains Rwandais étaient curieux de comprendre comment leurs souffrances pourraient être retranscrites en fiction, d’autres préféraient rappeler aux écrivains l’importance de dire « seulement la vérité ».

Malgré les différences de points de vue et d’approches, tous les auteurs ont trouvé dans cette expérience une source d’inspiration profonde. L’écrivain souligne que cette immersion au cœur de l’horreur génocidaire a profondément changé sa vision du monde et sa philosophie de vie. Il insiste sur la légitimité de la littérature à témoigner de tels événements et à préserver la mémoire des innocents.

Au-delà de l’aspect littéraire, cette expérience a également permis à Boubacar Boris Diop de prendre conscience de son propre décalage avec les réalités politiques africaines. Il évoque notamment l’implication de la France dans le génocide des Tutsi, soulignant que la Françafrique va bien au-delà des clichés habituels.

En conclusion, l’écrivain insiste sur l’importance de témoigner et de se souvenir. Pour lui, les mots de l’écrivain demeurent l’arme la plus puissante contre l’oubli, contre cette « deuxième mort » qui menaçait les victimes du génocide. Son expérience au Rwanda l’a profondément marqué, lui offrant une leçon d’histoire et d’humanité inestimable.

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