« La Porte du Troisième Millénaire : D’une Icône de Dakar à un Symbole de Négligence »

La Porte du Troisième Millénaire, jadis un fleuron touristique et culturel de la capitale sénégalaise, souffre aujourd’hui de la décrépitude. Autrefois cœur battant de Dakar, ce monument emblématique est désormais dans un état lamentable. En effet, pour y accéder, les visiteurs doivent emprunter un mini pont au-dessus d’un tunnel, un trajet qui expose les piétons à des dangers. Le carrefour de la corniche Ouest, point de passage vers le centre-ville ou la Médina, exige donc une vigilance constante, car les accidents y surviennent fréquemment.
Une fois sur place, la Porte du Troisième Millénaire offre une vue imprenable sur les contrastes urbains de Dakar. D’un côté, les gratte-ciels du Plateau ; de l’autre, les maisons délabrées de la Médina et de Rebeuss. Cependant, cet écrin de beauté naturelle cache les stigmates du temps et de l’abandon.
À midi, sous un soleil de plomb et malgré la brise marine, les visiteurs entendent le fracas des vagues contre les rochers. De plus, ils découvrent le spectacle désolant de ce monument autrefois grandiose. La rouille ronge les installations électriques, les structures métalliques menacent de s’effondrer, et le site se couvre de détritus.
Le contraste avec l’inauguration fastueuse de 2003 est frappant. En effet, ce jour-là, l’ancien président Abdoulaye Wade était présent, ainsi que le roi du Maroc, Mouhamed VI. Aujourd’hui, les pots de fleurs sont renversés, les arbustes sauvages prolifèrent, et l’eau symbolique de purification ne coule plus. Ainsi, des chiens errants parcourent ce qui est devenu un véritable dépotoir. Les photographes, comme Cheikh Diallo, déplorent cette situation. Cheikh, grand et mince, avec son appareil photo en bandoulière, travaille ici depuis 2003. Il a vu ses collègues quitter les lieux face à la baisse dramatique du nombre de touristes et de promeneurs. « La Porte du Millénaire n’est plus entretenue. On ne sait pas si c’est la mairie de Dakar ou le gouvernement qui est responsable », déplore-t-il. Autrefois, il gagnait dix mille francs par jour ; aujourd’hui, il se contente de bien moins.
Ce site, censé marquer l’entrée de l’Afrique dans le troisième millénaire, est devenu une ombre de lui-même. En conséquence, il est devenu un repaire pour criminels et autres indésirables, sous le regard indifférent de la police en face. Moustapha Lo, vendeur de café Touba, témoigne : « Les agressions sont fréquentes, et la sécurité reste précaire. Les visiteurs n’osent plus s’aventurer ici après 18 heures. »
Malgré les patrouilles sporadiques de policiers en civil, le manque de sécurité persiste. Cela décourage les rares visiteurs restants. La Porte du Troisième Millénaire, autrefois joyau de Dakar, attend désespérément une renaissance qui tarde à venir.
