Voyage de Renaissance : Comment le Nigeria Sauve Son Patrimoine Artistique
Le Musée national du Nigeria à Lagos, bien que porteur d’une immense importance culturelle, demeure étrangement peu visité, comme un parent vénérable mais négligé. Ce désintérêt pourrait être dû au concept même de musée, souvent perçu comme une idée coloniale : des objets d’arts et d’histoire retirés de leur contexte d’origine et figés dans des vitrines.
Cette vision, Olugbile Holloway, récemment nommé à la tête de la commission du musée, veut la transformer. Son objectif est audacieux : ramener les artefacts dans les régions d’où ils proviennent. Il souhaite voir ces trésors circuler à travers le pays, reconnectant ainsi les Nigérians avec leur héritage.
« Dans quelle mesure le concept de musée est-il authentiquement africain ? », s’interroge-t-il. « Peut-être que le modèle conventionnel d’un bâtiment rempli d’artefacts n’est pas adapté à notre réalité culturelle. »
Fondé en 1957, trois ans avant l’indépendance du Nigeria, le musée conserve des trésors d’une valeur inestimable : les célèbres bronzes et terres cuites d’Ife, les plaques et ivoires en laiton du Bénin, ainsi que des masques et costumes de la culture Ibibio.
Cependant, l’histoire de cette collection est marquée par une ironique complexité. Le musée existe grâce aux efforts du département des antiquités créé par les autorités coloniales pour recueillir des objets à travers tout le pays. Certains de ces artefacts ont été pillés par des visiteurs occidentaux et vendus sur des marchés lucratifs, tandis que d’autres ont failli être détruits par des Nigérians convertis au christianisme, convaincus qu’ils étaient liés au mal.
Aujourd’hui, le défi de Holloway est de redonner vie à ce patrimoine, non seulement dans les vitrines du musée, mais aussi dans le cœur et l’esprit des Nigérians. Son projet ambitieux vise à réconcilier passé et présent, tradition et modernité, dans un Nigeria en pleine quête d’identité culturelle.