sunuculture

Le Choix de la Diversité

ST-DOCS 2024 : «Coconut head generation» remporte le Grand Prix du jury officiel et celui du jury de la critique

Le Festival international du film documentaire de Saint-Louis s’est achevé ce samedi par la remise des prix aux meilleures productions cinématographiques. Pour cette année, c’est le film «Coconut head generation» du réalisateur congolais, Alain Kassanda, qui a reçu à la fois le Grand Prix du jury officiel et celui du jury de la critique. «Omi Nobu, l’homme nouveau», de Carlos Yuri Ceunink, reçoit la mention spéciale de la critique et du jury officiel, tandis que le Prix du meilleur court-moyen métrage est décerné à «Lev la tet» de Erika Etangsalé.

Et pour la compétition nationale, le film de Abdoul Aziz Basse, «2002, Bataille contre l’oubli», et «Yaakaar», de Daba Kébé, ont remporté le prix doté par Wido.

Après 5 jours de projections, la 15e édition du Festival documentaire de Saint-Louis s’est achevée ce samedi 4 mai par la remise des récompenses aux meilleurs films de la sélection. Et c’est le film du Nigérian Alain Kassanda qui a reçu le Grand Prix du jury présidé par Rama Thiaw, scénariste, réalisatrice-cheffe opératrice. Le film est aussi primé par le jury de la critique de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc) dans la catégorie long métrage. Ainsi, après avoir réalisé Trouble Sleep, dans la ville d’Ibadan, le réalisateur congolais Alain Kassanda s’interroge dans Coconut head generation, une expression méprisante pour désigner une jeunesse bornée et sans cervelle, qui prend un tout autre sens pour revendiquer sa liberté de pensée au Nigeria. En filmant leurs échanges et leurs questionnements au sein de l’Université d’Ibadan, la plus ancienne du Nigeria, Alain Kassandra documente comment la jeunesse contemporaine africaine raconte les enjeux des sociétés modernes. «Société où jadis nos grands-parents et parents combattaient les colons et la police de l’oppresseur, aujourd’hui sont devenus nos dirigeants. Mais aujourd’hui, c’est nous leur jeunesse, leurs propres enfants qu’ils combattent à l’aide de police et d’armées. Comment en sommes-nous arrivés là ? A travers le portrait des membres d’un ciné-club de l’université d’Ibadan, la plus vieille université du Nigeria, le réalisateur congolais Alain Kassanda nous donne à ressentir l’ébullition, les questionnements, les espoirs, les rêves de cette jeunesse. Mais il nous fait vivre au plus avec ces jeunes citoyens qui sont politiques au premier sens du terme, des hommes de la cité qui œuvrent pour l’élévation de la cité», souligne la présidente du jury, Rama Thiaw. Selon elle, Alain Kassanda le fait subtilement à travers les extraits des films qu’un groupe d’étudiants regarde durant les ciné-clubs, à travers les discussions et débats réfléchis et passionnés, tout en les montrant en train de vivre, de créer et de manifester toujours dans la dignité. «La dignité, c’est bien de cela qu’il s’agit. Jamais misérabiliste, malgré la dureté et la précarité économique, le réalisateur nous montre des êtres dignes, intelligents, remplis de pertinence face aux enjeux de notre société, que ce soit l’écologie, la mal gouvernance, la faillite des démocraties dites modernes, la place des femmes, la question du genre, de l’art, de la transmission de notre art et savoir, la restitution de nos œuvres et cultures…», a-t-elle expliqué devant l’assistance. Ce film de 89 minutes, avec la prouesse de ne pas être un film à message ou à parole uniquement, dans ces cadres, lumières, photos, archives visuelles et sonores, restitue une énergie, une dignité, une beauté.

Dans la catégorie court-moyen métrage, le premier prix est revenu à la cinéaste française Erika Etangsalé, pour son film Lev la tet. «Un film esthétiquement puissant, à la bonne distance émotionnelle, magnifique et poétique», souligne Mamby Mawine, membre du jury. Pour le jury critique également, le prix court-moyen métrage est revenu à Kasongo Ngongo Olivier grâce à Kilawu. «Ce film est une quête de sens… qui nous amène à nous poser des questions sur les défis de nos centres urbains, l’humanisation de nos villes, la prise en charge des maladies mentales et des marginaux, la solidarité africaine tant chantée», explique Oumy Régina Sambou, présidente du jury ccritique.

«Bataille contre l’oubli» et «Yaakaar» remportent le prix Wido4 Mentions spéciales ont été décernées lors de ce festival. Pour la catégorie long métrage, la première mention spéciale a été décernée à Aïssatou Ciss, photographe-réalisatrice, pour son film Dox Dadje ; marcher se croiser. «Un film où l’on ressent la délicatesse, la poésie, les questionnements entre deux photographes et artistes visuelles que sont Aissatou Ciss et Marion Colard qui, après avoir exposé ensemble le fruit de leur rencontre et amour commun pour la photo, ont décidé d’aller plus loin, mais ici dans l’univers et les territoires de la photographe goréenne Aïssatou Ciss», explique Rama Thiaw. Et la deuxième mention à Carlos Yuri Ceunink (Cap-Vert) pour son long métrage Omi Nobu, l’homme nouveau, qui a gagné également la mention du jury de la critique. Le film Zinet, Alger, le bonheur, de l’Algérien Mo­hamed Latreche, a également gagné la deuxième mention long métrage du jury critique. Sur les pas de son aîné, dans les ruelles de la Casbah ou sur le Port d’Alger, Mohammed Latrèche retracera l’histoire de Tahya Ya Didou et de son réalisateur, inventif et talentueux. «Pour le travail mémoriel. Il est important d’immortaliser nos grands cinéastes, valoriser leurs œuvres et immortaliser les grands moments de nos histoires communes», justifie le jury critique. Pour la compétition nationale, le film de Abdoul Aziz Basse, 2002, Bataille contre l’oubli, et Yaakaar, de Daba Kébé, ont remporté le prix doté par Wido. Lors de la clôture de cette cérémonie également, les organisateurs ont fait découvrir au public le film Goufdé du réalisateur sénégalais Oumar Ba. Dans ce film de 91 minutes, Oumar Ba donne la parole aux victimes de mariages forcés et précipités. Il y questionne la notion de tradition dans une société peule aussi conservatrice. Pour rappel, le goufdé est une coutume qui permet de se marier sans payer la dot ni de faire la fête.

Avec le quotidien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *