Cap Manuel : De bastion judiciaire colonial à foyer culturel

Construit en 1957 et inauguré le 26 décembre 1958 par Pierre Messmer, alors Haut‑Commissaire général de la République en Afrique‑Occidentale française, l’ancien palais de justice du Cap Manuel, à Dakar, constitue un témoignage fort de l’histoire judiciaire et architecturale de la ville
Ce vaste édifice, au style brutaliste inspiré de Le Corbusier et signé des architectes Daniel Badani et Pierre Roux‑Dorlut, succède à un tribunal plus modeste aujourd’hui hébergé au ministère des Affaires étrangères, place de l’Indépendance
Dès son ouverture, il abrite les audiences des juridictions ordinaires, au sein desquelles officiaient des dizaines de magistrats du tribunal régional de Dakar. Si l’on considère que le Sénégal ne compte actuellement que 397 magistrats en poste dans les Cours et tribunaux, toutes localités confondues, on comprend mieux l’importance institutionnelle que représentait le palais de Cap Manuel pour la justice dakaroise

Entre 1958 et sa fermeture en 1992, ce palais a été le cadre de procès marquants :
la condamnation à la réclusion à perpétuité de l’ancien Premier ministre Mamadou Dia en mai 1963,
le procès de Moustapha Lô, dernier condamné à mort exécuté au Sénégal en 1967,
les audiences retentissantes d’Abdoulaye Wade en 1988, à la suite d’une élection présidentielle controversée
Abandonné à partir de 1992 en raison de fissures menaçant sa structure, le bâtiment est resté vide jusqu’en 2016. Restauré avec soin, il est désormais investi comme site d’exposition culturelle majeur, notamment à l’occasion de la Biennale de Dakar (Dak’Art) ou d’expositions prestigieuses comme celle de Chanel